Déclaration de liberté: je bannis les interdits

Catégorie: Nutrition

10 juillet 2013

Depuis quelques temps, je vois trop souvent de messages contradictoires reliés à la saine alimentation, en provenance d'individus de toutes sortes... Qu'il s'agisse de professionnels de la santé, de gens intéressés à la perte de poids, ou de ce que j'appelle des "charlatans" qui tentent de vous vendre des produits, tous vous proposent des façons miraculeuses de manger saintement. Aujourd'hui, je fais le point sur l'identité du "bien manger".

#1 Bien manger, c'est avoir une vision d'ensemble

 "Il ne faut pas manger de..." ou "Le (aliment) est nocif"... Quiconque sort cette phrase sorte de sa bouche, ce n'est pas fondé. Aucun aliment n'est méchant. Cessons de vouloir trouver le fautif ! Tout est une question d'équilibre, de fréquence et de quantité. Le lait n'est pas un meurtrier. Les patates frites ne causent pas le cancer. Le soya ne fera pas pousser des seins aux hommes. Il faut toujours penser en terme de variété. Ce n'est pas la patate frite consommée un lundi midi du mois de juillet 2013 qui causera du tort ! Mais bien celles (au pluriel) ingérées le lundi, le mercredi, le vendredi et le samedi, accompagnées de charcuteries... C'est la même chose pour tous les aliments. Alors s'il-vous-plaît, cessons d'alarmer la planète entière et de générer de l'anxiété aux gens qui tentent de bien manger. Visons l'équilibre.

#2 Bien manger, c'est manger librement et penser au-delà de l'assiette

 Peut-on enlever le mot "interdit" ou "privation" de notre vocabulaire ? Ce n'est pas en se privant d'un aliment qu'on aime qu'on va être en meilleure santé. Oui, peut-être qu'un individu qui s'est privé de frites toute sa vie possèdera un meilleur profil lipidique (s'il s'est aussi privé de tous les aliments riches en gras trans). Mais est-ce réaliste ? S'agit-il de la vraie vie ? Et sa santé MENTALE... On en fait quoi ? Tous ces gens qui prétendent être des spécialistes de la nutrition (sans études universitaires en la matière) qui vous disent de couper ci et cela ne se préoccupent pas de votre santé. Car en réalité, la santé c'est un concept qui englobent bien plus que la santé physique. La privation peut mener à des troubles alimentaires, à une anxiété face aux aliments et à l'acte de manger...

#3 Bien manger, c'est penser nuancé

 Aucun aliment n'est mauvais, mais aucun aliment n'est parfait. Le soya non-biologique peut être fait d'OGM, le lait pourrait contenir des éléments pouvant nuire à notre santé, le thon contient du mercure, les fraises du Québec possèdent des pesticides, le chocolat renferment beaucoup de sucre... VRAI! Mais d'un autre côté, le lait renferme des protéines, de la vitamine D et du calcium, le thon représente une source d'oméga 3, et les fraises du Québec sont... tellement meilleures ! Déstressons-nous et revenons à la base: manger frais, manger plus de végétaux, manger pour le plaisir. Lorsqu'on réfléchit trop, on se crée un stress inutile, relié à l'acte de manger. Et si on réfléchit trop, on ne mangera plus rien. Il faut concentrer nos énergies là où sont nos valeurs et nos convictions (ex.: acheter local le plus souvent possible, préférer le biologique...)

#4 Bien manger, c'est aimer manger

 J'ai trop longtemps cru que bien manger était synonyme d'aliments faibles en gras, de produits réduits en calories, de salade de légumes et de biscuits oméga-3... Heureusement, j'ai cessé d'être maniaque à l'égard des aliments le jour où j'ai fait mes études en nutrition. J'ai développé un esprit scientifique, curieux, analytique. J'ai arrêté de regarder uniquement la valeur nutritive d'un aliment, et j'ai commencé à le considérer dans son ensemble: "Cet aliment me procure-t-il des éléments nutritifs ? Est-ce que j'ai envie de le manger ? Ai-je faim pour le manger ? Est-il un choix sain pour ma santé mentale, physique, et environnementale ?" Je pense qu'il faut arrêter de diaboliser les aliments. Je crois sincèrement que nous sommes en train de perdre contacts avec nos émotions, nos besoins, notre cuisine familiale et notre esprit critique en décidant de supprimer des aliments. Je fais appel à votre jugement: la vie et le plaisir de manger valent bien plus que des restrictions, de la privation et de l'angoisse alimentaire. Réfléchissez avant de tout éliminer.

Et vous, êtes-vous angoissé à l'idée de faire des choix alimentaires ?