Nul ne peut censurer Internet

Catégorie: Web

21 janvier 2011

Effectivement, il est difficile de censurer le matériel trouvé sur Internet.  

L'effet Streisand, ou le Streisand effect, est un mot décrivant une tentative de censure sur Internet qui, finalement, a produit un effet contraire. Parfois, comme les compagnies suivantes l'ont appris, il est préférable de vivre avec la critique.

 

Les chiropraticiens frauduleux

Certains chiropraticiens anglais pratiquent une discipline médicale spécialisée qui n'est probablement pas très efficace.  Même si nous avons des preuves de la validité de la chiropraxie, plusieurs croient que ce sont des arnaqueurs et ne ménagent pas leurs commentaires.  Simon Singh, un de ces derniers, a décidé de dire sa façon de penser à la communauté des chiropraticiens dans un article critiquant le métier.

Il a ciblé les chiropraticiens qui soutenaient pouvoir aider les enfants ayant l'asthme ou des coliques – tout en s'enrichissant sur le dos des patients. La réponse des professionnels de la science?  Poursuivre cet homme pour diffamation et l'emmener au tribunal.

 

Dans le monde civilisé, vous avez le droit de critiquer un métier et d'émettre votre opinion.  Quand les avocats ont rencontrés Singh, ils ont rapidement conclus que les réclamations des accusateurs étaient futiles. Puis, ils se sont retournés vers les chiropraticiens.

Ce qui fût l'opinion d'un seul homme est vite devenu le sujet de conversation du gouvernement anglais, qui a réalisé l'arnaque perpétuée par plusieurs chiropraticiens (qui ne voulaient aider que leurs comptes en banque).  

Approximativement 1 chiropraticien sur 4 est sous enquête en Angleterre, pour avoir donné de fausses promesses à leurs patients.

Le pauvre M. Singh a dû payer plus de 200 000 livres au tribunal. Toutefois, il a gagné.  Les tribunaux lui ont même donné la satisfaction de prendre son article originel en tant que preuve dans les poursuites envers les chiropraticiens.

 

Une utilisatrice de Facebook renvoyée

C'était le premier jour de travail de Kimberlee Swann.  L'adolescente commençait à travailler en tant qu'administratrice chez Ivell Marketing & Logistics.  Comme elle n'avait que 16 et débutait dans le milieu, elle ne s'occupait que des tâches répétitives : détruire des documents, faire des photocopies, etc.  Bien entendu, elle passait du temps sur Facebook et après quelques heures de plaisir au travail, elle a changé son statut Facebook pour : « premier jour au travail.  Omg!! C'est plate!! »

À son insu, le patron de Ivell Marketing & Logistics surveillait le profil de la jeune fille et deux jours plus tard, elle a changé son profil de nouveau : « tout ce que je fais est broyer et numériser des docuements!!! omg! ».  Elle n'avait plus qu'une dernière chance.  Deux semaines plus tard, elle a fait l'erreur d'écrire « je m'emmerde tellement! ».

Enfin, le patron de Ivell Marketing & Logistics en a eu assez.  Fatigué des attaques constantes, personnel et publiques envers sa compagnie, il a convoqué Kimberly dans son bureau et l'a renvoyée pour de bon.  

Kimberly n'avait pourtant jamais mentionnée le nom de la compagnie. Pourquoi les gens savent-ils qu'elle travaillait chez Ivell?  Car elle a tout raconté aux journaux le jour-même.

Maintenant, au lieu de quelques revendications invisibles sur Facebook, la compagnie Ivell a une très mauvaise réputation sur Google - tout le monde se fie à Google.

 

Un magazine vole un article, puis blâme Internet

L'étudiante en journalisme Monica Gaudio a écrit une recette de tarte aux pommes, publiée sur Internet.  Quelques jours plus tard, son article se retrouve dans le magazine Cooks Source... sans son autorisation.

Elle envoit alors un courriel poli à l'éditeur du magazine, demandant le retrait de l'article ou une donation compensatoire de 130$, à remettre à l'organisme de charité de Columbia School of Journalism (plutôt que d'être directement payée). La réponse de l'éditeur est odieuse :

« … l'Internet est considéré domaine publique et vous devriez être heureuse que nous n'avons pas simplement pris votre article et changé le nom de l'auteur. […] En tant que professionnelle du domaine, vous devriez savoir que votre article avait grandement besoin de révisions.  Notre version est bien meilleure... nous avons consacré du temps à la correction, vous devriez nous payer! »

Les usagers d'Internet ont réagi.  Les pages Facebook et Twitter de Cooks Source ont été bombardées de commentaires haineux et on a déniché une douzaine d'autres articles plagiés par le magazine.  

Le magazine a cessé d'exister, suite aux plaintes.

 

DIGG VS la MPAA

La plupart des compagnies s'efforcent de restreindre le contrôle des utilisateurs sur leurs appareils... ce qui donne le goût aux adeptes de trouver un moyen pour contourner les verrouillages.

Jadis, HD-DVD luttait avec les Blu-ray pour devenir le champion des formats de films.  Mais, un pirate surnommé Muslix64 était déçu de devoir acheter des fils dispendieux pour écouter des films HD-DVD sur sa télévision.

Il entreprit donc de trouver la clé encryptage bloquant l'accès et de la désactiver, afin de pouvoir utiliser le format de disque avec tous les appareils. Le problème est survenu lorsqu'il a partagé cette clé en ligne, pour que la communauté puisse en profiter.  La MPAA (Motion Picture Association of America) est devenue furieuse et menaçait de poursuivre tout le monde qui publiait le code.  Pendant un certain temps, quelques sites ont été fermés et d'autres modifiés, jusqu'au jour où ils ont envoyé une ordonnance de cessation et d'abstention à Digg. 

Digg n'appartient pas à un seul individu : Digg est un lieu de rassemblement de millions d'étrangers, qui partagent des histoires sur un site web.  La menace de poursuite était donc inutile dans ce cas.  Digg ont tout de même enlevé le premier message contenant le code, qui fut remplacé par une dizaine d'autres identiques.  Tous les efforts des modérateurs de Digg ne pouvaient pas contenir les centaines de nouveaux messages qui contenaient tous le code d'encryptage.  À un certain moment, on ne pouvait voir que ce fameux code sur la page principale de Digg – rien d'autre.

Partager le code était devenu une cause populaire sur Internet.  Les utilisateurs trouvaient des méthodes créatives pour le donner : chansons, images, code binaire...

Le fondateur de Digg, Kevin Rose, a écrit ceci sur son site : « Vous préférez voir Digg mourir au combat, plutôt que de se plier aux demandes d'une grande compagnie.  À partir de maintenant, nous ne supprimerons plus les messages contenant le code d'encryptage AACS. »

La folie atteint son apogée : vous pouviez acheter des T-shirt, des tasses de café du célèbre code.  Un homme se l'est même fait tatouer dans le dos.

Après que Digg ait tenu tête à la censure sur Internet, d'autres sites ont commencé à suivre cet exemple.  Google affichait plus de 700 000 sites contenant le code.  La MPAA a même menacé Google, exigeant que le site de recherche empêche les internautes de rechercher la série de chiffres. Bien entendu, Google ne se plia point à leurs demandes, car Google est invincible.