Espionnage numérique : les révélations de Snowden

Catégorie: Informatique

15 juillet 2013

Edouard Joseph Snowden défraie la chronique internationale, alimentant chaque jour le flot des étonnements en ce qui concerne l'espionnage de la sphère numérique. Snowden dénonce, preuves à l'appui, que les USA ont mis en place des procédures de captation des métadonnées des appels téléphoniques sur le sol américain et un système d'écoute sur Internet lié au programme de surveillance PRISM. 

Le monde découvre, horrifié, qu'il n'a plus de vie privée et que l'oncle Sam a maintenant un œil inquisiteur sur tout ce que fait chacun. Quelle naïveté que de croire que l'espionnage s'est arrêté à la fin de la guerre froide et que la tentation de dominer le monde par tous les moyens à disposition a été vaincue au prix d'un renoncement digne de Saint Martin coupant sa tunique en deux pour apporter réconfort à son prochain. Snowden est un héros moderne qui réveille, une fois encore, les consciences et fait apparaître au peuple qu'il est  manipulé dans ce qu'il a de plus intime, sa vie privée.

La tentation éternelle de manipuler la masse

Le monde à peine sorti du scandale des subprimes qui ruine les foyers endettés les uns après les autres, et pas seulement aux États Unis mais aussi en Grèce ou en Espagne, il faut rappeler que nous sommes sous la coupe des puissants et que ceux-ci décident de notre sort. En fait plus besoin de propagande pour bourrer le crâne d'un citoyen du monde, il suffit de bien le connaître pour pouvoir le manipuler, il suffit de ruiner ses espoirs d'être propriétaire de sa vie et de sa maison pour prendre le pouvoir sur sa destinée. «Ce qui relève, a priori, de la vie privée peut servir, demain, dans la compétition économique», nous dit Franck Bulinge, dans son livre (paru chez Vuibert en 2012 : De l'espionnage au renseignement. La France à l'âge de l'information.)

Une nouvelle sorte de dictature est en train de naître, celle qui consiste à pénétrer entièrement la sphère personnelle, de tout connaître de ses habitudes et de ses travers pour construire un univers à son image, dans lequel il perdra son âme au contact des plaisirs et des frustrations immédiates qui lui donneront l'impression d'exister au-delà de ce qu'on pu vivre ses ancêtres.

1984, George Orwell le savait si bien

La référence à George Orwell est aisée. Dans 1984 il imaginait un régime totalitaire, Océania qui épiait, nuit et jour, la population de sorte à déceler le moindre crime de pensée. Inspirés par les premiers postes de télévision, les "télécrans" d'Orwell possèdent une double fonction : entendre et voir les "prolétaires" lorsqu'ils sont chez eux. Des messages de propagande du parti, dont le chef suprême est "Big Brother", sont diffusés inlassablement. On voit bien que les "télécrans" sont maintenant dans chaque foyer, dans chaque entreprise et que la prise de pouvoir sur la masse mondiale de la population est possible. 

Dès lors que la littérature futuriste foisonne d'exemples tous plus réalistes les uns que les autres pourquoi s'étonne-t-on de ce que les américains, ou d'autres, se concentre sur la parfaite connaissance de nos modes de vie. Y-a-il là, foncièrement un scandale (oui assurément!) à ce que nous soyons décryptés sous la moindre couture alors que des myriades de naturalistes déchiffrent la nature de manière aussi impudique que scientifique ? Et cette nature n'est-elle pas pillée de ce qu'elle a de plus merveilleux : son mystère. L'homme fait à l'homme ce qu'il lui a toujours fait, et ce qu'il a toujours fait sur son environnement ; exploiter toutes les ressources qui lui permettent d'asseoir son pouvoir et sa soif de domination, sa peur de l'avenir et sa volonté de contrôle sur le cours de l'existence.