L'Internet restera-t-il un espace de liberté ?

Catégorie: Web

01 mai 2013

L’anonymat sur la toile est de plus en plus menacé. L'été 2011 avait été marqué par la « dictature » imposée par Google pour son réseau social. ON DOIT S’INSCRIRE SOUS SON VRAI PATRONYME. Un an plus tard, en septembre 2012, Google revenait sur ses positions et obtenait un brevet portant sur une méthode permettant à l'utilisateur de gérer plusieurs identités, ce qui permettait de publier un contenu sous son nom, avec un pseudo ou de manière anonyme, ces deux dernières options étant toutefois reliées à une identité réelle.

Les défenseurs de l’anonymat y vont de leur couplet sur la vie privée, sur la liberté de se préserver à travers un pseudo. D’autres, plus téméraires, trouvent qu’il est tout à fait normal d’apparaître tel que l’on est, là où on se positionne. Ceci dit, les atteintes à la liberté de s'exprimer sans s'afficher commencent à fleurir, et elles partent d'initiatives portées par les États.

Le Japon demande aux fournisseurs d'accès Internet de bloquer Tor ( Tor est le processus qui a permis au printemps arabe d'exister et d'utiliser incognito le réseau Internet)

Les USA, après les échecs successifs de SOPA et PIPA sont peut être en mesure de mettre en place une régulation de l'Internet pour lutter contre la cybercriminalité, mais, au-delà, de contrôler les flux de données échangés, la CISPA.

On vient, de plus, d'apprendre que la Chine et les États-Unis vont coopérer au sein d’un groupe de travail sur la cybersécurité. Après s’être mutuellement accusés de cyber-espionnage ( un tiers des attaques viendraient de Chine), John Kerry, le Secrétaire d’Etat à déclaré que "chaque nation ", a un intérêt à protéger "ses citoyens, ses droits et ses infrastructures". Les opposants chinois auront probablement plus de mal encore à s'exprimer ! Les européens se joignent aussi aux USA, dans le même but.

S'il est avouable de traquer les intentions malveillantes, on peut se questionner sur les buts réels des administrations de divers pays quant à leur volonté finale de contrôle d'Internet. D'ailleurs les alternatives fleurissent en réaction à tout cela. L’Université de Tsukuba crée des VPN, (des réseaux virtuels)  permettant un meilleur secret des communications, les Anonymous ont récolté plus de 50 000 dollars pour mettre en ligne un site d'information totalement indépendant de Twitter ou tumblr...

Les enjeux deviennent énormes. Le rapport 2013 de l'UIT sur les télécommunications annonce 2,7 milliards d’internautes pour cette année. Le trafic Internet augmente au rythme de 14 exaoctets mensuel, soit deux fois le trafic mondial entre 1994 et 2003 par mois. La vraie démocratie pourrait venir d'Internet, qui, si on ne le contrôle pas, bousculerait tous les schémas établis de détention du pouvoir par l'argent et l'influence directe.

Au-delà de l'anonymat, on le voit bien, c'est ce formidable espace de liberté jamais atteint qui est visé, c'est l'Internet ouvert et sans contrôle qui fait peur aux puissants de ce monde, qui les fait réagir. Mais le génie humain a pris de l'avance et il sera difficile de contourner les astuces des internautes.

Le P2P serait-il menacé, les plate-formes de téléchargement comme Megaupload démantelées, il reste le Usenet, et d'autres procédés à inventer.

En 1979, quelques étudiants de Caroline du Nord inventent un système de réseau de forums appelé USENET. Tom Truscott, Jim Ellis, Denis Rockwell, Steve Daniel et Steve Bellovin mettent en place un ensemble de protocoles qui servent à générer, à stocker et à récupérer des « articles », ressemblant dans leur structures à des courriels. Les échanges de ces articles peuvent donc être favorisés entre les membres d'une communauté dont l'étendue est planétaire.

 

Ce qui nous amène à en parler aujourd'hui c'est l'usage qui en est fait pour la mise à disposition de contenus à télécharger. Depuis 2003 la fréquentation et son utilisation sont en baisse constante, principalement à cause du côté ardu de sa présentation et de la difficulté de participation. Usenet se trouve en compétition avec la technologie de la page Web dynamique. De plus, sur Usenet il n'y a pas de modérateurs et il se trouve accusé de véhiculer, à raison, du contenu illégal.

 

Dans certains pays, dont la France frappée par un contrôle accru des téléchargements par les systèmes d'échange P2P, Usenet connaît une renaissance due à sa haute vitesse de téléchargement, la diversité des contenus et l'anonymat du réseau. Sécurisé par le SSL (procédé de sécurisation des transactions effectuées via Internet), le flux est indétectable et assure à l'utilisateur de rester caché derrière son ordinateur, bien au chaud.

 

Le parti Pirate a bien compris l'enjeu en présentant des listes aux dernières élections, notamment en Europe. Ils obtiennent jusqu'à deux postes de députés européens pour l'Allemagne, qui compte aussi des parlementaires régionaux. La branche canadienne existe, même si elle n'a pas encore eu la réussite que connaissent d'autres pays. Que prônent ses acteurs, essentiellement ? Le parti veut : réformer les droits d'auteur, le système de brevet, renforcer le droit à la vie privée et défendre la neutralité du Web (l'objet de notre article), promouvoir le gouvernement libre.

 

Au-delà d'une vue utopiste, la volonté est de donner une assurance de protection aux utilisateurs de la technologie numérique qui prend une place essentielle dans le monde. Cette émergence fait naître des interrogations, un nouveau mode de fonctionnement, des comportements jamais observés. Aussi entre les angoisses des gouvernements ou/et des multinationales et les attentes des peuples se dresse une vaste étendue dans laquelle chacun prendra position pour un contrôle total des flux d'un côté, pour une liberté inconditionnelle de l'autre.